Ménopause et naturopathie : quels traitements naturels pour la soulager ?

La ménopause fait partie du cycle de la vie. La naturopathe Anne Roquette nous explique ce phénomène naturel

Anne Roquette, pouvez-vous vous présenter et présenter votre approche thérapeutique de la ménopause en quelques mots?

Je suis Anne Roquette, j’ai 39 ans. Après un bac S, j’ai été diplômée d’une école de commerce et j’ai évolué plusieurs années dans le milieu du marketing et de la communication, en France d’abord puis en Afrique de l’Ouest, pour finalement prendre un virage à 360° et me former à la naturopathie, à la réflexologie, au massage bien-être, et faire de ces pratiques mon métier. Je suis donc aujourd’hui naturopathe spécialisée dans les soins manuels et réflexes. J’accompagne les femmes, les hommes et les enfants pour qu’ils retrouvent leur pleine vitalité, et plus particulièrement lorsqu’ils sont à un moment charnière de leur vie comme c’est le cas de la ménopause chez la femme. Ma formation pluridisciplinaire me permet de les accompagner sur des périodes de 3 à 6 mois selon le besoin, le temps de mettre en place une nouvelle hygiène de vie. En parallèle, je leur procure des soins en réflexologie plantaire, des massages…Pour soulager les troubles et aider le corps à retrouver plus vite son état d’équilibre.

Qu’est-ce que la ménopause et combien de temps dure-t-elle ?

Pour commencer, j’aimerais préciser une chose, malgré les troubles qui sont souvent associés à cette période, la ménopause n’est pas un problème à régler, mais plutôt un phénomène naturel à accompagner.

En tant que femme, nous avons la chance de connaître plusieurs phases dans notre vie : 

• Tout commence à la puberté, c’est le début de notre vie hormonale si on peut dire, notre vie devient plus ou moins rythmée et régit par nos cycles, nos hormones, la lune… Et il faut l’accepter.
• Ensuite, on entre dans une phase d’une grosse quarantaine d’années avec des cycles menstruels plus ou moins réguliers et la grande chance de procréer (quand tout se passe bien! ).
• Puis vers 50 ans, nos ovaires vont s’arrêter de fonctionner petit à petit pour économiser l’énergie d’un corps qui vieillit.

La ménopause est officiellement décrétée quand une absence totale de règles est constatée pendant 12 mois consécutifs. Mais avant d’en arriver là, les cycles vont d’abord s’espacer peu à peu et les ovaires vont cesser progressivement de fonctionner. Cette période de pré-ménopause est une période de transition qui peut s’étaler sur 1 à 5 ans, selon les femmes. Durant la pré-ménopause, la progestérone, hormone qui favorise la nidation de l’ovule fécondé puis la gestation, baisse. Cela crée un déséquilibre de la balance œstrogène/progestérone engendrant des cycles irréguliers, des changements corporels, des troubles de l’humeur, une sensibilité des seins et un ralentissement thyroïdien plus ou moins important. La deuxième étape, c’est la diminution de la production d’œstrogènes. Les cycles s’estompent, puis disparaissent. Ça y est la ménopause est là !

A ce moment-là, la baisse de la production hormonale peut entraîner certains inconforts comme des troubles de l’humeur, de la fatigue, des réveils nocturnes, des insomnies, des bouffées de chaleur, des sueurs nocturnes, une sécheresse intime, de l’irritabilité, de la dépression, une baisse de la libido, une perte de poids…Mais chaque femme est unique, aucune n’a tous ces symptômes en même temps et surtout tout ça n’est pas une fatalité. Cela dépend beaucoup de l’hygiène de vie ! Il peut donc s’écouler parfois jusqu’à 7 ans entre les premiers signes de ménopause et l’arrêt total des règles et des symptômes liés aux changements hormonaux.

Nous entendons de plus en plus le terme de ménopause prématurée, pourquoi ?

On considère qu’une ménopause est précoce quand elle arrive avant l’âge de 40 ans. En France, on considère que 10 à 15% des femmes ont une insuffisance ovarienne prématurée. Il y a plusieurs causes qui peuvent expliquer cette précocité : une maladie auto-immune, un dysfonctionnement hormonal, un choc affectif, une chimiothérapie ou une radiothérapie, mais aussi la surexposition aux perturbateurs endocriniens.

Des antécédents gynécologiques jouent-ils un rôle sur la symptomatologie de la ménopause ?

Non, les antécédents gynécologiques ne jouent aucun rôle sur la symptomatologie de la ménopause. La composante génétique peut intervenir mais au-delà de ça, ce qui détermine la symptomatologie de la ménopause, c’est l’hygiène de vie de la personne. Une femme ayant une mauvaise alimentation, ne faisant aucune activité physique et vivant dans un milieu pollué aura toutes les chances d’être plus sujette aux bouffées de chaleur par exemple qu’une femme qui a une bonne hygiène de vie, qui transpire et qui a donc un terrain moins encrassé.

De quelle manière la ménopause affecte-t-elle la vie sexuelle ?

La ménopause affecte la vie sexuelle des femmes, mais pas seulement ! Les symptômes peuvent être de nature physique et psychique.

Les bouffées de chaleur, symptôme le plus connu de la ménopause

C’est le symptôme le plus fréquent. Il est caractérisé par une chaleur intense et soudaine qui survient au niveau du buste et du visage. Ce phénomène est souvent accompagné de transpiration et de rougeurs. Il dure de 30 secondes à quelques minutes parfois. Lorsque les sueurs intenses se produisent la nuit, elles perturbent le sommeil et provoquent potentiellement une gêne invalidante.

Les troubles du sommeil pendant la ménopause

Ce sont les modifications hormonales qui sont à la source des problèmes de sommeil. Ces derniers ont de nombreuses conséquences sur la vie quotidienne, fatigue chronique, troubles cognitifs ou encore troubles de l’humeur.

Les troubles de l’humeur

Ils sont fréquents et sont dus à différents facteurs. La chute hormonale, les troubles du sommeil et la moindre synthèse de sérotonine conduisent parfois à des épisodes dépressifs.

Prise de poids sans modifications alimentaires

Elle est due à différents facteurs : La ménopause entraîne une perte de sensibilité à l’insuline. L’organisme fabriquant des œstrogènes à partir des tissus adipeux va se mettre à stocker du gras pour pallier le déficit hormonal. Le stockage a lieu essentiellement au niveau abdominal. La chute de testostérone accompagne celle des hormones féminines. Elle induit une fonte musculaire et une augmentation de la masse grasse. Une diminution des œstrogènes engendre une baisse des hormones thyroïdiennes. Ce phénomène a pour conséquence une diminution du métabolisme basal. Il entraîne possiblement une surcharge pondérale. L’hormone du bien-être, la fameuse sérotonine, a également tendance à diminuer. Ce qui a comme conséquence des phénomènes dépressifs et compensatoires comme des abus de sucre. Enfin, l’ensemble des désagréments de la ménopause induisent parfois une réduction de l’activité physique. Ce qui n’arrange pas les choses ! 

La ménopause et le risque accru d’ostéoporose

Les œstrogènes jouent un rôle majeur dans la fabrication de l’os. En effet, ils favorisent la synthèse du tissu osseux et freinent sa dégradation. La ménopause accroît donc les chances de développer une ostéoporose. Les risques de fractures, notamment le col du fémur, les lombaires ou encore le poignet, augmentent considérablement. 

Des troubles urinaires

Ils sont dus à un déficit de tonus des muscles du périnée et ont parfois des conséquences handicapantes.

Au niveau de la vie sexuelle, les troubles peuvent être également présents à plusieurs niveaux :

• Physique : sécheresse des muqueuses vaginales. Les parois du vagin s’amincissent et perdent en élasticité. La lubrification diminue entrainant possiblement des rapports sexuels douloureux.
• Psychique : un désir diminué.

Mais, là encore, ce n’est pas une fatalité car il existe des remèdes naturels pour palier à la sécheresse vaginale et les femmes qui acceptent leur ménopause de manière positive y voient plutôt un épanouissement de leur vie sexuelle, sans risque de grossesse non souhaitée.

Doit on changer quelque chose dans notre régime alimentaire ?

Pendant longtemps et depuis longtemps, des hormones synthétiques de remplacement étaient données aux femmes à l’âge de la ménopause.  Mais depuis quelques années, les risques vasculaires et de cancers ont largement légitimé les approches naturelles. Ce qui me ravit puisque j’accompagne de nombreuses femmes en pré-ménopause ou ménopausées, et que l’approche naturelle globale holistique les aide parfaitement à se sentir mieux dans leur corps et dans leur tête. Mais pour cela, comme toujours en naturopathie, il faut avoir envie et être prête à réévaluer et modifier, si besoin, certaines de ses habitudes de vie. La première, comme toujours, c’est l’alimentation. Il n’est pas question de donner un régime « ménopause » valable pour toutes les femmes, mais il y a quand même quelques pistes communes à suivre.

Globalement on privilégiera une alimentation plutôt hypotoxique, non-acidifiante et riche en antioxydants. Ce qui signifie concrètement :

• Dire stop aux produits industriels
• Mettre des légumes dans son assiette à chaque repas, beaucoup de légumes et un peu de cru si bien digéré, sinon sous forme de jus à l’extracteur.
• Éviter les produits raffinés : choisir des céréales et des sucres complets.
• Ne pas négliger les protéines animales et végétales (légumineuses notamment).
• Miser sur le bon gras riche en oméga-3 pour limiter les bouffées de chaleur, améliorer l’équilibre émotionnel et l’hydratation de la peau et des muqueuses : huile de lin, de colza, de chanvre, de cameline par exemple mais aussi de l’avocat de temps en temps, des oléagineux et des petits poissons gras du type sardines, maquereaux, harengs.
• Croquer 2 ou 3 noix du Brésil par jour, elles sont riches en sélénium et le sélénium est un super antioxydant ainsi qu'un très bon régulateur hormonal.
• Boire de l’eau, plutôt entre les repas, plutôt filtrée ou peu minéralisée si vous la choisissez en bouteille comme la Mont Roucous ou Rosée de la reine.
• Éviter au maximum tous les aliments acidifiants et inflammatoires comme les produits laitiers animaux, les desserts trop sucrés, les sodas, le café, le thé, l’alcool, la viande rouge, les céréales blanches/raffinées…
• Enfin, penser à alléger le repas du soir pour favoriser la qualité du sommeil.

En consultation, je conseille souvent de démarrer le rééquilibrage alimentaire par une phase de nettoyage du foie, parce qu’il a un rôle clé dans l’élimination du surplus hormonal et parce qu’il est souvent responsable de nombreux troubles.  Au-delà de l’alimentation, on veillera à avoir une hygiène de vie globale plus adaptée à cette nouvelle phase de votre vie. Il est notamment indispensable de pratiquer une activité physique régulière pour limiter votre prise de poids mais aussi les pertes osseuses et musculaires. On veillera aussi à avoir un sommeil suffisant et de qualité. Enfin, on misera sur les techniques de relaxation, la méditation, le massage, la réflexologie, la sophrologie… pour ce qui est de la gestion des émotions. Il sera parfois nécessaire de s’appuyer sur les plantes et la micronutrition pour accélérer ou aider le changement.

La ménopause est-elle encore considérée comme un sujet tabou ?

Je dirai que dans certains milieux sociologiques, c’est encore un tabou. La ménopause est malheureusement encore souvent considérée par beaucoup de monde comme un marqueur de la vieillesse des femmes. Au-delà de la perte de la possibilité de se reproduire, elle est souvent assimilée à la perte de la féminité, avec la perte des hormones. D’après une enquête de l'institut Kantar parue en 2020, 39% des Français disaient ne jamais en parler, tandis que seule une femme sur deux confiait l’avoir évoqué avec son conjoint. C’est en train de changer, mais il faudra peut-être encore attendre la prochaine génération pour que les femmes voient enfin la ménopause comme un second printemps, ce que désigne le terme utilisé en Chine pour évoquer cette période de la vie de la femme.