Les Conseillers Grand Âge Autonomia, la solution pour vieillir chez soi

Interview réalisée avec Victor Perrazi, aventurier du bien vieillir chez Autonomia

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’origine d’Autonomia ?

Depuis tout petit je suis très à l’aise au contact de personnes âgées et j’ai toujours eu une sensibilité particulière à leur fragilité. Une personne âgée est avant tout une personne avec ses idées, ses rêves, ses envies et ce qui me touche c’est de faciliter la continuité de vie de ces personnes.

C’est pour cette raison que pendant 4 ans j’ai été directeur de maison de retraite puis directeur d’une clinique SSR. Pendant ces 4 années j’ai mis mon énergie à rendre la vie de personnes âgées plus agréables mais j’ai fini par me rendre compte que non seulement beaucoup d’entre eux entraient en EPHAD sans le vouloir mais surtout que la majorité aurait pu rester à leur domicile avec une bonne organisation ! Mais la famille n’est pas toujours bien informée ou disponible. Parfois les aidants sont dépassés après plusieurs années à gérer cela.

C’est de là qu’en 2018 est né un nouveau métier que j’avais baptisé "Autonomie planner” et qui est devenu très récemment Autonomia.

Quel est le rôle de l'autonomie planner dans le maintien à domicile ?

L’autonomie planner, désormais appelé conseiller grand âge, aide une personne âgée et son entourage à organiser le quotidien. A partir d’un certain âge il devient difficile d’organiser sa vie quotidienne sans avoir d’aide. C’est d’autant plus vrai si l’on est atteint d’une maladie cognitive comme Alzheimer ou des troubles de la mémoire.

Le conseiller grand âge est mandaté par la personne elle-même, son conjoint ou son entourage pour jouer le rôle de chef d’orchestre !

L'accompagnement commence par un diagnostic à 360° de la situation (constitution de l’orchestre). Notre méthode permet non seulement de s’intéresser aux besoins primaires de la personne (alimentation, soin, hygiène) mais aussi à ses aspirations (qu’est-ce qu’elle souhaite ; ne souhaite pas faire ; qu’est-ce qu’elle peut faire ?).

Une fois le diagnostic réalisé il s’agit de mettre en place un plan d’action avec toutes les personnes concernées : entourage, aide à domicile, coach sportif, personnel médical etc. pour organiser tous les aspects de la vie du “vieux” (voir plus bas si le terme vous choque).

Quels sont les besoins les plus fréquents des personnes âgées en perte d'autonomie ?

Les sujets sont nombreux et dépendent de chaque personne. La force de notre solution c’est qu’elle est sur-mesure mais je peux vous donner quelques exemples:

• la préparation des repas
• les courses alimentaires
• la sécurisation du logement et de la personne
• la sécurisation des nuits
• l’organisation des rendez-vous de santé
• l’organisation de la vie sociale (visite, activités etc…).

Une partie de notre activité repose sur la recherche des bons prestataires pour subvenir aux besoins de notre client. Nous ne sommes, par ailleurs, pas intéressés sur la recommandation de ces prestataires. Autonomia peut donc faire un choix totalement libre en fonction de leurs compétences !

Nous même sommes très exigeant sur les profils que nous engageons au sein de l’entreprise. Les conseillers grand âge ont souvent une formation longue type BAC+4 ou master en santé ou en gestion. Ils ont une maturité forte pour pouvoir avoir une vue d’ensemble et une intelligence relationnelle forte pour créer de la confiance avec les familles qui reçoivent souvent des comptes-rendus voire des photos de leur proche.

N’y a-t-il pas un risque d’éloigner encore davantage les proches de leurs parents ou grands parents en les “délestant” du rôle d’aidant ?

Au contraire ! 

En réalisant une partie (jamais 100%) des tâches d’organisation nous libérons du temps et de la charge mentale aux proches qui profitent d’autant plus de leurs parents ou grand-parents. On ne passe plus la visite dominicale à régler des problèmes mais on peut réellement profiter d’un moment de qualité avec ses proches, c’est génial !

Par ailleurs deux exemples courants sont les familles éloignées de nos clients qui de toute façon ne peuvent pas passer fréquemment au domicile de leur proche. Pour ces gens nous sommes une véritable alternative à un placement en EPHAD, 92% des familles nous disent d’ailleurs que nous sommes indispensables au maintien de leur proche au domicile.

Le second exemple est que nous sommes souvent sollicités par un couple dont un des membres est atteint d’une maladie cognitive. Nous permettons de libérer une partie de la charge mentale du conjoint et lui allouons du temps personnel pour aller à la messe, voir des amis ou tout autre activité. Cela lui permet de se ressourcer et d’être encore plus aidant le reste de la semaine !

Comment se répartit l’équipe Autonomia aujourd’hui ?

En 2018 j’ai créé une société qui s’appelait Autonomie Planner et qui a depuis fusionné avec un autre acteur du marché plus jeune mais avec plus de moyen. Nous avons gardé leur nom "Autonomia" et rassemblé nos forces pour avoir encore plus d’impact !

Aujourd’hui nous avons 9 cabinets avec des conseillers grand âge dans plusieurs grandes villes de France.

Quelles sont vos perspectives pour l’avenir ?

Nous avons des projets plein la tête !

Nous aimerions évidemment ouvrir d’autres cabinets partout en France pour créer un réseau national de conseillers grand âges. Cela permettrait non seulement de retarder le placement en EPHAD de milliers de personnes âgées et aussi de créer des emplois qualifiés et porteurs de sens.

Par ailleurs nous avons un travail à mener auprès des mutuelles, départements et de la sécurité sociale pour une meilleure prise en charge de nos services et nous permettre de les démocratiser auprès des populations les plus fragiles.

Un petit mot pour la fin ?

Mon rêve c’est que tout le monde en France puisse consulter un conseiller grand âge s’il en a envie pour que dépendance ne rime plus forcément avec EHPAD !

Bonus : peut-on appeler un vieux, “un vieux” ?

Après avoir tourné autour du pot dans cet article et pendant toute notre interview avec Victor, nous lui avons posé la question. Sa réponse est claire: OUI 🙂
“Au même titre que nous appelons un jeune, “un jeune” il faut appeler un vieux “un vieux”. Il faut juste être conscient qu’un vieux n’est pas QUE vieux. C’est une personne avant tout mais la société a donné une connotation négative à l'adjectif. Un super sociologue a fait une étude à ce sujet. Il s’appelle Antoine Gérard et je vous encourage à découvrir son podcast sur la SocioGérontologie.